Lorsque nous avons élevé notre bébé, la table à langer était un bon endroit pour pratiquer l'imitation sonore. Je faisais un son, et elle essayait d'imiter. Nous commencions par les sons des voyelles, puis nous travaillions sur les sons des consonnes. Chaque fois qu'elle apprenait à former ses lèvres, ses dents et sa langue pour faire le son correctement, je réagissais avec excitation et rires. Elle adorait ça et était heureuse de chaque succès. Chaque son correctement produit était récompensé par le bonheur, et les sons incorrects ou mal formés rencontraient juste un peu plus de pratique, et nous nous sommes entraînés jusqu'à ce qu'elle comprenne. Je travaillais lentement avec elle sur les sons les plus difficiles, et j'exagérais pendant qu'elle regardait, pour lui faire connaître la position approximative des dents et de la langue pour chaque son.
Les mauvaises habitudes de parole, une fois acquises, sont plus difficiles à rompre qu'à réussir au début. Plus un enfant prononce mal les mots, plus il sera difficile de changer cette habitude. La mémoire musculaire se renforce avec le temps, ce qui rend plus difficile pour la personne ayant un problème de mauvaise prononciation de changer son habitude de prononciation.
Certaines langues n'utilisent pas certains sons, et lorsqu'on atteint l'âge adulte, l'apprentissage d'une langue différente qui utilise un nouveau son oblige souvent à une mauvaise prononciation de substitution parce que la bouche de la personne n'est pas habituée à produire le son requis dans cette nouvelle langue. Par exemple, les personnes dont le japonais est la langue maternelle, si elles apprennent l'anglais à l'âge adulte, auront passé des décennies à ne pas prononcer la lettre L. Pour elles, prononcer la lettre L est donc un territoire très peu familier, et beaucoup sont incapables d'entraîner leur langue et leurs lèvres à produire le son, alors elles utilisent plutôt un son de substitution.
La solution la plus simple pour corriger le zézaiement est de ne jamais le laisser commencer comme un son de substitution ! Travailler avec votre enfant pour imiter les sons et le récompenser par une joyeuse approbation lorsqu'il imite correctement vos sons est un excellent moyen de développer ses capacités d'énonciation dès le début. Commencez par les voyelles, puis, lorsqu'elles sont bien imitées et qu'elles vous font rire et glousser, travaillez sur les consonnes, en faisant toujours en sorte que ce soit un jeu amusant, quelques sons à la fois, jusqu'à ce qu'ils développent une aisance avec tous. Ensuite, montrez-leur les lettres de l'alphabet ou des images d'animaux ou d'objets dont le nom utilise ces sons. Cela leur donnera les éléments de base appropriés pour former des mots, ainsi qu'une association visuelle pour qu'ils s'en souviennent. Mais si vous laissez un zozotement sans correction au début, si vous ne faites pas attention et si vous donnez à l'enfant des conseils impliqués par le biais de l'éducation et de la pratique parentale au tout début de ses efforts pour communiquer avec la parole, eh bien, vous lui rendez un mauvais service. Ignorer le son mal fait est une approbation tacite du fait que c'est correct, et l'enfant continuera, jusqu'à ce qu'il soit de plus en plus difficile de le corriger. Comme pour beaucoup de choses dans la vie, plus une mauvaise habitude est retardée, plus il est difficile de la changer, de la corriger.
Tout cela suppose qu'il n'y a pas d'anomalies physiques qui doivent être traitées médicalement. Un zézaiement est presque toujours une mauvaise habitude de langage apprise tôt et laissée sans réponse jusqu'à beaucoup plus tard.
Il est de la responsabilité des parents de donner à leurs enfants les outils dont ils auront besoin dans la vie pour réussir, pour s'épanouir, et il est de leur responsabilité de leur apprendre le mieux possible comment utiliser correctement ces outils. Pensez à un enfant qui prend un tournevis, une fourchette ou une cuillère par le mauvais bout, mais à qui on n'apprend pas dès le début à les tenir correctement. La parole, bien que plus complexe qu'un tournevis, une fourchette ou une cuillère, n'est qu'un outil de plus qu'il faut nous apprendre à bien utiliser pour arriver là où nous voulons aller dans la vie.